Les costumes
Un film, c'est avant tout un travail d'équipe. Les costumes participent au même univers que l'image, le maquillage et la décoration. Tous ces domaines rejoignent une même ligne directrice, l'intention du réalisateur. Philippe Blasband désirait laisser transparaître le côté belge du film dans l'image. Deux peintres ont donné les couleurs de base: Spillaert et Permeke, pour leur contraste dans les noirs et leur intensité, leurs couleurs grisées et leur univers sombre. La Belgique est un pays gris, les couleurs sont adoucies par la lumière. Voilà le point de départ du travail.
Ensuite, la psychologie du personnage intervient. Les personnages peuvent prendre plusieurs directions différentes. Une fois la trajectoire et l'évolution du personnage déterminée par le réalisateur et le comédien, l'option choisie est fouillée en profondeur. Le choix du costume ainsi que tous les petits détails qui le composent permettent de renforcer le personnage. C'est subtil, le spectateur ne s'en rend compte que si le travail est mal fait. Tout se joue inconsciemment.
Monsieur Chevalier est un personnage entier, il a trouvé un style. L'évolution de son costume, les changements de couleurs contribuent à sa perte de pouvoir. Verkamen, lui, évolue petit à petit, sa métamorphose se construit lentement, il passe par plusieurs étapes. Pour l'inspecteur Bex, personne ne voulait céder à la solution la plus facile à savoir en faire un personnage sévère et masculin. Toute sa force est dans son jeu, donc visuellement, elle est très douce.
Mais tout ce travail de préparation n'est rien sans le travail de l'habilleur (ndlr: celui qui habille les comédiens sur le plateau). Il gère tous les détails. Il lui faut beaucoup de psychologie: il touche à l'intimité du comédien, il doit sentir quand il peut le déranger et comment présenter les choses.
Agnès, costumière